Dans le médico-social, les émotions s’expriment souvent autrement : par le corps, par le silence, par des réactions vives ou imprévisibles. Ces exemples concrets montrent comment la régulation émotionnelle soutient l’expression de soi et permet de retrouver une sécurité intérieure.

⤷ Découvrez ce que la régulation change, concrètement.

Enfants · adolescent·es en médico-social

⤷ 1. Frustration face à ses propres limites

Avant régulation : L'enfant accompagné veut participer à une activité (sport, écriture, cuisine…), mais n’y arrive pas aussi vite ou aussi bien que les autres. Il·elle s’énerve, casse, jette, ou se replie. La frustration est immédiate, intense, parfois mêlée de honte.

Pendant régulation : Il·elle revient sur cette situation où “ça ne marchait pas”. Il·elle ressent : crispation des bras, chaleur dans le visage, gorge qui pique. En accueillant ces sensations dans le corps, la frustration se libère sans exploser.

Après régulation : L'enfant garde parfois un agacement, mais il·elle reste dans la relation. Il·elle peut demander de l’aide ou proposer une alternative. Une nouvelle posture face à ses limites se construit.

⤷ 2. Réactions intenses face aux changements de routine

Avant régulation : Quand une activité est modifiée ou qu’un adulte absent est remplacé, l'enfant accompagné réagit violemment : panique, repli, cris ou refus total. Le changement est vécu comme une insécurité totale.

Pendant régulation : En repensant à la situation perturbante, il·elle se relie à ce qui se passe dans le corps : agitation, froid, sensation de chute intérieure… En laissant ces ressentis se dérouler, le système nerveux se régule.

Après régulation : Un prochain changement est encore perçu, mais devient supportable. L'enfant accompagné peut exprimer un besoin, poser une question ou chercher du soutien au lieu de s’effondrer. Une souplesse s’installe.

⤷ 3. Être confronté·e au regard des autres sur son handicap

Avant régulation : Un·e enfant en situation de handicap se sent exclu·e, moqué·e, ou invisible. Une remarque ou un regard peut raviver un sentiment de honte ou d’infériorité. Il·elle se ferme, surcompense ou devient agressif·ve.

Pendant régulation : Il·elle revient à une scène où ce malaise s’est exprimé. Dans le corps : gorge serrée, estomac retourné, envie de s’effacer… En accueillant ces sensations, la charge émotionnelle liée au regard extérieur se dénoue.

Après régulation : Il·elle ne se définit plus uniquement par son handicap ou son trouble. Il·elle retrouve de la dignité et peut se tenir droit, exprimer un avis, ou simplement participer avec plus de confiance.

Professionnel·les en médico-social

⤷ 4. Être bouleversé·e par la lucidité d’un jeune sur son handicap

Avant régulation : Un·e enfant exprime avec lucidité ce qu’il·elle vit avec son handicap : “Je ne serai jamais comme les autres”, “Je vois bien que je suis trop lent·e”, “Je serai toujours dépendant·e”. Ces mots frappent le·la professionnel·le en plein cœur. Il·elle ressent une tristesse profonde, une révolte muette, et surtout une forme d’impuissance : il n’y a rien à corriger, rien à compenser.

Pendant régulation : Il·elle revient à ce moment bouleversant. Dans le corps : poids dans la poitrine, souffle bloqué, gorge serrée, envie de détourner le regard. En accueillant ces sensations, l’émotion traverse, sans être étouffée ni amplifiée.

Après régulation :Le·la professionnel·le retrouve une forme de présence plus stable. Il·elle n’a pas de solution magique, mais peut rester là, debout, dans une écoute digne. L’impuissance ne fige plus : elle devient le point de départ d’un lien humain, sans illusion, mais profondément vivant.

⤷ 5. Quand la relation aux familles confronte à ses limites

Avant régulation : Certain·es parents ne reconnaissent pas les difficultés de leur enfant, ou au contraire expriment une douleur si vive qu’elle devient envahissante. Le·la professionnel·le oscille entre colère (“ils ne veulent pas voir !”), tristesse (“je ne peux rien pour eux”) et épuisement.
Chaque rencontre ravive un sentiment de décalage, d’impuissance, parfois d’injustice.

Pendant régulation : Il·elle revient à un échange difficile, une réunion tendue, une phrase qui a blessé. Dans le corps : tension dans le cou, crispation du visage, gorge serrée, fatigue dans le ventre.
En laissant ces sensations se dérouler, l’émotion se décante peu à peu.

Après régulation : Le·la professionnel·le peut revenir dans le lien sans porter tout le poids de l’histoire familiale. Il·elle reste en présence, pose un cadre, entend sans se suradapter. L’écoute devient plus juste, plus lucide, plus respirable.

⤷ 6. Vivre la surcharge institutionnelle comme une tension intérieure

Avant régulation : Trop de jeunes à accompagner, pas assez de temps, pas de relais… Le·la professionnel·le se sent tiraillé·e entre ses valeurs et la réalité du terrain. Cela génère une crispation, parfois une colère sourde ou un risque de désengagement.

Pendant régulation : Il·elle se connecte à une journée saturée, à cette sensation d’être partout et nulle part. Dans le corps : respiration bloquée, nuque tendue, agitation dans le ventre… En laissant l’émotion circuler, la pression redescend.

Après régulation : Le regard se clarifie. Il·elle retrouve la capacité à prioriser, à poser des limites, à demander du soutien. L’engagement reste là, mais dans une forme soutenable et alignée.